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Avec Mme Delclos: classe de 3ème4
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-"Arts, Etats et pouvoir":
les artistes : porteurs de la propagande d’un état ou contre-pouvoir ?
Objet d'étude: Strophes pour se souvenir- Louis Aragon
Lettre de Manouchian adressée à Mélinée
Louis Aragon a écrit ce poème en 1955, en mémoire du groupe Manouchian, résistants étrangers fusillés par la Gestapo le 21 Février 1944. L'annonce de leur condamation s'était faite par une affiche reproduisant leurs photographies, et qui est restée sous le nom de l'Affiche rouge.
Le 16 Novembre 1943, Missak Manouchian se rendait à un rendez-vous pour rencontrer sur les berges de la Seine Joseph Epstein, autre résistant. Ils se font tous les deux arrêter et leur groupe respectif est démantelé.
Deux strophes du poème d'Aragon s'inspire directement de la dernière lettre de Missak Manouchian, très touchante, que vous trouverez ci-dessous. Le poème a notamment été repris par Léo Ferré qui a intitulé sa chanson "l'Affiche Rouge".
Strophes pour se souvenir
Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants
Nul ne semblait vous voir français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
À la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan
Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant
Louis ARAGON
poème issu du "Roman inachevé"